2016-08-19

En 1766 Jean Audibert dicte son testament

A la recherche du testament de Jean Audibert, depuis l’an dernier, je consulte les registres des notaires et découvre que notre aïeul (sosa 172) a laissé beaucoup de traces.
Son décès m’a attristée et j’ai essayé d’en connaître les circonstances.
Aurait-il fait un testament ?
Dans le registre du notaire Pourcelly 3E14 502 c’est une déception, malgré la fourchette de dates (1765-1771) il n’y a pas de testament. J’ai pourtant regardé tous les folios avec un grand espoir. Je me résous à rentrer bredouille ; néanmoins, j’ai photographié un certain nombre de feuillets concernant des actes passés par d’autres de mes ancêtres. Il se trouve même le début d’une page concernant la veuve de Jean Audibert, Magdelaine Allier. Je raconte cette découverte inattendue dans l’histoire du Four à pain. Lorsque je réussis à obtenir l’intégralité du document, j’ai la confirmation de l’existence d’un testament aves les précisions sur la date et surtout le nom du notaire, Maître Bon.
D’ailleurs, j’aurais pu trouver ces renseignements dans la table des testaments que les AD du Var ont mis en ligne dans les Archives du contrôle des actes et de l’administration de l’Enregistrement.

Jean Audibert, hôte à St-Julien, âgé de 54 ans, est décédé le 17 juin 1766.

Cette année, munie des cotes, je me rends une nouvelle fois aux AD de Draguignan.
Avant de lire ce fameux testament, je tourne les pages du registre avec intérêt.
Je photographie plusieurs actes que je ne prends guère le temps de lire, tant je suis impatiente d’atteindre ce que je cherche.
Il s’avère que cette lecture sera intéressante pour rencontrer d’autres personnes du village, des ancêtres et leurs voisins.

Le voilà le testament nuncupatif de Jean Audibert, fait le 15 juin 1766 ;
le testateur est mort deux jours plus tard.


Que m’apprend-il ?
Jean n’est pas décédé de mort violente, ce n’était pas un accident comme je le supposais.
« lequel de son gré quoyque detenu dans son lit malade de maladie corporelle sain pourtant de sens ferme parolle ouïe vue et connoissance a resolu de faire son dernier et vallable testament nuncupatif et ordonnance de derniere vollonté»
Dans la chambre du mourant, parmi les témoins se trouvent trois prêtres, un chirurgien, un notable et quatre artisans. C’est dire comme l’heure est grave, le malade a conscience que la fin est imminente. Il a recommandé son âme à Dieu, ordonné ses funérailles et  demandé que « luy soit dit douze messes basses de requiem ». 

Jean a pris ses dispositions pour l’avenir de sa famille.
C’est Jean Joseph Audibert qu’il institue comme son héritier. Son petit garçon est âgé de quatre ans. La trace de celui-ci se perd, il semble qu’il vive ensuite à Marseille …
En attendant la majorité de son fils aîné, Jean « a légué et lègue touts les fruits et usufruits de tout son bien et héritage à Magdelaine Allié son épouse ».
Elle est chargée de nourrir et entretenir leurs enfants jusqu’à l’âge de 25 ans. Leur fille Cécile recevra 1000 livres lorsqu’elle s’établira.
Mais il n’oublie pas cet « héritier posthume qui naîtra de la grossesse de Magdelaine ». En effet, Jean François Marcel (sosa 86) viendra au monde quatre mois plus tard. C’est lui qui tiendra l’auberge de ses ancêtres.
Jean avait prévu que son fils aîné s’occupe de sa mère… mais je crois qu’elle a habité dans notre maison avec Jean François et qu’elle allait souvent chez sa fille Cécile à Barjols où elle est décédée.
Alors  que ses dernières volontés sont rédigées et que tous s’apprêtent à signer, Jean pense qu’il doit ajouter encore ces précisions « et avant signé led[it]testateur dans le cas où à la majorité accomplie de sond[it] héritier iceluy viendroit à se separé de lad[it]e Magdne Allié, il oblige sond[it] héritier de lui donner une chambre garnie suivant son état, soit dans la maison ou ailleurs à la lad [it]e Allié sa mère pour en jouir sa vie durant » 
On voit que cet homme estimait sa femme, par lui «  nommée tutrisse et administaraisse » « sans qu’elle soit obligée de rendre aucun compte à ses enfants » 
« et luy a de plus legué à lad[it]e Magdne Allié ususfruit et jouissance d’une terre qu’il possède en ce terroir quartier des Condamines la vie durant» Mais regardons la précision qui suit : « toutes fois en gardant l’etat vidual ». 

Magdelaine avait 25 ans, elle ne s'est pas remariée.

Comparons la signature d’un homme en pleine forme quelques mois auparavant


et sa dernière signature le 15 juin 1766


Jean « a élu sa sépulture dans celle de feu son père » il repose à Saint-Julien. Ses confrères Pénitents blancs vont s’occuper des funérailles.

1 commentaire:

  1. Quel magnifique travail de recherche et quelle émouvante trouvaille qui, à plus de deux siècles d'intervalle permet de connaître un peu plus intimement quelques-un de ses ancêtres ! Bravo !

    RépondreSupprimer

Merci pour le commentaire que vous laisserez !