2017-06-20

Q _ 14 juillet

14 juillet, Éric Vuillard,  ed. Actes Sud, 2016, 200 p. 



Du mouvement, de l’action, du verbe … quel récit ! La tempête grossit, c’est un déferlement auquel nous assistons en cette journée, la plus célèbre de l’histoire de la Révolution française à Paris.
L’écrivain annonce un projet qui me séduit  :
« Il faut écrire ce qu’on ignore. Au fond, le 14 juillet on ignore ce qui se produisit. Les récits que nous en avons sont empesés ou lacunaires. C’est depuis la foule sans nom qu’il faut envisager les choses. Et l’on doit raconter ce qui n’est pas écrit.»

Le peuple a faim, les récoltes sont mauvaises, la colère gronde. C'est la révolte, la foule grossit et se met en marche vers la Bastille.

p.72« On dit qu’il y eut, ce jour, près de deux cent mille personnes […] une fois retranchés les nouveau-nés, les vieillards et les malades ; cela veut dire que tout le monde y est. Ce doit être une foule prodigieuse,
Mais ce matin là, le 14 juillet, il y a les hommes, les femmes, les ouvriers, les petits commerçants, les artisans, les bourgeois même, les étudiants, les pauvres ; et bien des brigands de Paris doivent y être, attirés par le désordre et l’opportunité incroyable, mais peut-être aussi comme tout le monde, par autre chose de plus difficile à nommer, de plus impossible à rater, de plus jubilatoire. »

Alors l’écrivain doit mettre en oeuvre son  imagination pour raconter et l’on envie son style :
« de toutes parts, ça s’écoule, […].il y a des gens partout. Il faut imaginer ça. Il faut imaginer un instant le gouverneur et les soldats de la citadelle jetant un œil par-dessus les créneaux. Il faut se figurer une foule qui est une ville, une ville qui est un peuple. Il faut imaginer leur stupeur. Il faut imaginer le ciel obscur, orageux, […] mais surtout, la foule de toutes parts, aux bord des fossés, aux fenêtres des maisons, dans les arbres, sur les toits, partout.»

Éric Vuillard a compulsé les archives de la Révolution Française, il croque les portraits des acteurs et réussit à nous mêler à la foule. Nous sommes ces gens dont il énumère les noms, les métiers, les villages, les espoirs.

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